Nadia Déhan Rotschild

 Que savait-elle du yiddish jusqu’en 1980 ? Le très petit bagage de mots et de chansons que l’on a lorsque la transmission familiale n’a pas pu se faire. Et puis le miracle annoncé d’un voyage en URSS vers sa famille retrouvée l’a fait acheter le College yiddish d’Uriel Weinreich pour se préparer à cette rencontre. 

Au retour, c’était une certitude : elle était amoureuse de cette langue. Elle s’inscrivit aux cours de Vera Solomon, puis de Yitskhok Niborski et de Rachel Ertel, tout en bénéficiant jusqu’en 1989 de son bain linguistique familial annuel.

En 1983-84, elle participa avec enthousiasme au séminaire intensif de formation dirigé par Vera Solomon et Yitskhok Niborski qui se termina, durant l’été, par un mois d’enseignement dispensé à l’Université hébraïque de Jérusalem. Elle suivit également les cours de l’Université d’été d’Oxford en 1985.

Le temps était venu d’essayer de rendre un peu du bonheur que cette étude lui avait procuré. Elle devint enseignante (de 1985 à 2000 à Paris 7, au Centre Medem de 1996 à 2001 à la Maison de la culture yiddish depuis 2001), en se disant, pour calmer ses scrupules, que c’est en enseignant que l’on apprend le mieux ! Cette expérience la conduisit à partager avec Annick Prime-Margules la rédaction du Yiddish sans peine des éditions ASSIMIL (2010).

Autre façon d’entrer plus avant dans la culture : traduire, d’abord au sein du groupe de traduction formé par Rachel Ertel (pour Aquarium vert, en coopération avec Viviane Siman et Véra Solomon, poèmes en prose d’Avrom Sutzkever in Où gîtent les étoiles, éditions du Seuil, 1988 et quatre des Contes ferroviaires de Sholem Aleikhem, Liana Levi, 1991) puis seule (La Peste soit de l’Amérique de Sholem Aleikhem, Liana Levi, 1992 ; Exils de Menuha Ram, Julliard, 1993 ; Ce sont des choses qui arrivent de Yoïne Rosenfeld, Liana Levi, 1995 ; Une tragédie provinciale de David Bergelson (en coopération avec Régine Robin), Liana Levi, 2000 ; Un conseil avisé de Sholem Aleikhem 2002, coll. Piccolo n° 3).

Et pour que tout finisse en chansons, elle s’est aussi prise de passion pour cette riche partie du patrimoine yiddish : en lançant l’idée et en collectant les premiers fonds musicaux de la phonothèque de l’Association pour l’étude et la diffusion de la culture yiddish, elle n’osait rêver que celle-ci participerait un jour avec tant d’ampleur à la  médiathèque de la Maison de la culture yiddish-Bibliothèque Medem.

Langues parlées : français, yiddish, 

 

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