du 4 novembre 2014 au 6 février 2015
TRACES {1}
« La Shoah fait partie de mon histoire. Mes grands-parents ainsi qu’une grande partie de ma famille furent assassinés par le régime nazi, dans les camps d’extermination en Pologne et dans les forêts des pays baltes. Mon père compte parmi les seuls rescapés. A six ans, il est séparé des siens et envoyé au camp de Westerbork aux Pays-Bas, puis à Theresienstadt en Tchécoslovaquie. En 1945, il fait partie d’un échange de prisonniers négocié par la Croix Rouge, puis est placé dans un orphelinat suisse. Après la guerre, il part vivre chez une tante au Brésil. Ainsi, je suis né à Porto Alegre dans l’état de Rio Grande do Sul.
Lorsque j’étais enfant, il parlait peu de cette période. Plus tard, devant mon insistance, il a commencé à raconter son histoire. J’ai fait avec lui deux voyages sur le parcours de sa déportation, aux Pays-Bas et en République tchèque. Mais il n’a pas voulu m’accompagner à Sobibor où sont morts ses parents.
Je décide de poursuivre seul les traces de ce passé. Je découvre en Pologne les camps d’extermination de Sobibor et d’Auschwitz-Birkenau où sont morts de nombreux membres de ma famille. Je voyage vers d’autres lieux : les camps de Majdanek et de Treblinka, également en Pologne, les forêts de Bikernieki et de Rumbula en Lettonie, la forêt de Ponary et le Neuvième Fort en Lituanie.
Sur ces sites retirés et bordés de forêts, je trouve des bâtiments et des ruines… Souvent, il ne reste plus rien, aucun vestige visible, juste une forêt, une clairière, quelques plaques et monuments commémoratifs.
Je me demande comment évoquer mes grands-parents que je n’ai jamais connus. Je me retrouve sur ces terres foulées par eux et tant d’autres, je parcours les chemins qu’ils ont parcouru, je vois les paysages qu’ils ont vu. Dans ces lieux, où les cendres et le sang se sont mélangés à la terre, je ressens une dimension invisible. La végétation silencieuse me renvoie des images et des sons.
J’éprouve le besoin de photographier cette expérience, l’absence, la mémoire… ce que l’on ne voit pas et ceux que l’on ne voit plus. »
*Le {1} après Traces signifie que ce projet n’est pas tout à fait términé.
Roberto Frankenberg
Exposition présentée aux heures d’ouverture de la Maison de la culture yiddish. Cette exposition est réalisée sous l’égide de la Maison européenne de la photographie dans le cadre du Mois de la photo à Paris, novembre 2014.
Entrée libre
Vernissage jeudi 6 novembre à 18h30.
Exposition ouverte jusqu’au 6 février 2015.